Les anciennes carrières de Crazannes

Publié le par aurel



Un Voyage dépaysant au coeur de la pierre


Lieu : Crazannes, Plassay, Les Chabossières, Les Coumaillauds, La Renardière, Cleré.
Flore : fougère scolopendre, clématites, liane européenne, orchidées..
Faune : genette d'Europe, Engoulevent, rapaces.
Contact : Musée de la Pierre de Crazannes, tél : 05.46.91.48.92


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    Situées à environs 35 kms de Rochefort et 17 kms de Saintes, les aniciennes carrières à ciel ouvert de Crazannes suscitent depuis une dizaine d'années un engouement grandissant de la part du public, et pour cause. Depuis 1997, l'autoroute A837 traverse ces anciens lieux d'extraction de pierre calcaire, donnant à voir aux automobilistes un paysage hors du commun.
   
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    De 1996 à 1997, les ASF (Autoroutes du sud de la France), et le Conseil Général de Charente-Maritime ont mené, à la hauteur de Crazannes, des travaux d'aménagement importants aux abords de l'autoroute afin d'intégrer au mieux les vestiges de ce patrimoine local. Dans le sens Saintes-Rochefort a été mis en place un Pole nature et Patrimonial baptisé « La pierre de Crazannes » qui constitue l'aire de repos de l'autoroute. (Les travaux avaient alors coûté 1.400.000 Francs HT, soit plus de 214.000 Euros). Un musée et un sentier de découvert de 650 mètres de long vous permettent de comprendre la vie des carriers qui ont façonné ces paysages, les modes d'exploitation et les usages de la pierre.




    Les crarrières occupaient un territoire relativement vaste (des dizaines d’hectares) et déstructuré qui s'est composé au fil des siècles entre les communes de Crazannes, Cleré, Les Chevallons, La Renardière et Port d'Envaux. Aujourd'hui, ces carrières oubliées, abandonnées depuis plus d'un demi siècle, donnent à voir des paysages inhabituels dans la région. Les carrières semblent avoir été façonnées par la nature : les paysages ainsi créés, noyés dans une végétation luxuriante -composée de lianes européennes, de fougères scolopendres, de clématites, d'orchidées- ne sont pas sans rappelés les reliefs karstiques et les horsts africains. Parfois encore, on se croirait perdu au milieu d'une jungle équatoriale d'où surgissent façades, portes ou ponts monumentaux et tunels, comme si gisaient là les vestiges d'une ancienne civilisation. On est alors fasciné par le dépaysement offert par cet espace singulier qui invite à l'aventure sur d'autres continents, tel Idaiana Jones.

A visiter d'urgence !

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A voir, le reportage télévisé diffusé sur tf1 :

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Pour aller plus loin


Un peu d'histoire.

    L'extraction de la pierre de Crazannes a débuté très tôt. Les spécialistes qui ont étudié le site, placent ses origines à 2000 ans environs avant notre Ère. Des monuments locaux comme l'arc de triomphe de Germanicus à Saintes, (composé de cette pierre), prouvent l'existence de ces carrières déjà à l'époque romaine. L'attirance ancienne pour ce site provient de la composition de cette roche : Il s'agit là d'une pierre calcaire crétacé, (Turonien, entre 88 et 92 Millions d'années ; et Cénomanien, entre 92 et 96 Millions d'années), à grains fins dépourvue d'organismes vivant fossilisés, dont le travail de taille ou de sculpture est donc très aisé. Cette pierre dite « pierre de Crazannes », devient, au fil des siècles très prisée ; elle est même exportée à l'étranger, grâce à la proximité des carrières du fleuve Charente.

    L'usage de cette pierre connait son apogée entre les XIIe et XIIIe siècles, au Moyen Age, pour la construction de grands édifices seigneuriaux et ecclésiastiques. Les exploitations se faisaient au plus près de l'édifice à construire lorsque cela était possible. C'est la raison pour laquelle, on trouve parfois des excavations en plein milieux des vignes et champs du bocage actuel. La « pierre de Crazannes » se retrouve également dans les édifices militaires (de Vauban et Ferry) datant des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Elle servit au Xixe siècle par exemple, pour l'édification du Fort Boyard, ordonné par Napoléon Iier, puis pour la construction du socle de la Statue de la Liberté aux USA. La production cessa dans les années cinquantes, (entre 1946 et 1948 seulon les sites), lors de l'invention du béton (grâce aux exploitations nouvelles de ciment).


Méthode d'extraction.


    Les carriers, appelés aussi « pierreux », devaient débuter leur exploitation en pratiquant un trou dans le sol. Ils devaient retirer les bris quaternaires et la terre pour atteindre les premiers bancs de calcaire crétacé. Les premières couches de calcaires étaient de mauvaise qualité car altérées par les infiltrations. Il s'agissait donc d'un énorme travail pour ouvrir une exploitation nouvelle. Plusieurs jours étaient nécessaires avant de pouvoir commencer l'extraction de blocs intéressant.

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    Mais bien souvent, les pierreux reprennaient une excavation préexistente afin de gagner du temps. Ils suivaient alors les bancs de pierre les plus purs sous la terre ce qui donne aujourd'hui ce paysage si caractéristique. Les carriers laissaient des pilliers d'une part, afin de consolider les voutes, d'autre part parce qu'à certains endroits la roche était moins belle ou traversée par une faille.



    Lorsqu'un bloc est extrait il faut ensuite le sortir de la carrière. Pour cela, on ménageait des pentes douces sur lesquelles on plaçait des rondins de bois pour déplacer plus facilement les blocs préalablement rectifiés et polis. Au moyens de grues rudimentaires, les blocs étaient ensuite hissés, sortis des trous, et placés sur des charettes en bois autorisant le transport de 12 tonnes environs. Les blocs pouvaient atteindre 6 tonnes chacun ! (Ces grues ne sont apparues sur les exploitaions qu'à partir du début du XIXe siècle). L'écarissage des pierres provocant de nombreux débris, des wagonnets ont été mis en place.

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Les débris étaient soit :

- acheminés vers des zones d'extraction désafectées
- récupérés pour créer des murs de consolidation pour les chemins d'accès encaissés créés par les creusements.
- vendue pour recouvrir le sol d'habitations.

    Ce sont souvent des enfants et des femmes qui avaient en charge le traitement de ces débris. Les pierres étaient enfin acheminées jusqu'au bord de la Charente afin d'y être négociées, vendues et enfin chargées sur des gabares (bateaux à fonds plat) pour exportation. Les voyages étaient longs, près d'un mois pour un aller-retour.

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    Les carriers ou "pierreux" étaient des ouvriers libres qui possédaient leur parcelle de carrière. Leur travail était physiquement très pénible et dangereux -les accident étaient nombreux. Le carrier pouvait passer une journée sur un bloc pour rien si il avait le maleheur de rencontrer un banc de noyaux silicieux (silex), appelées vulgairement "chailles", ou une zone de failles, car celà réduisait sa valeur ou le rendait invendable.

    Si vous êtes conquis par cette visite, il faut absoluement que vous alliez un peu plus loin, en direction de Port d'Envaux, au lieu dit Les Chabossières, où une ancienne carrière du même type a été transformée en lieu de création pour des artistes sculpteurs venus du monde entier. Ce site, unique en France se nomme les Lapidiales. Un article y est consacré sur ce site dans la catégorie Manifestations diverses.

Quelques photographies de ce lieu

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Publié dans Patrimoine naturel

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J
bonjour savez vous à qui appartient ce lieu?<br /> Merci
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